Situation
Dans le Couserans, ancien territoire du comté de Comminges, le château occupe une position stratégique sur un éperon dominant la vallée. Témoins d’une époque médiévale marquée par les luttes seigneuriales, ses murailles rappellent le rôle défensif qu’exerçaient les places fortes sur les chemins reliant Toulouse aux cols montagneux. La région, tournée vers les Pyrénées toutes proches, conjugue une nature préservée et un patrimoine architectural dense, fait de villages aux toits d’ardoise, d’églises romanes et de maisons de pierre. Ici, la vie quotidienne se déploie entre marchés traditionnels, sentiers de randonnée et rivières poissonneuses. À proximité de Saint-Girons, carrefour historique des vallées ariégeoises, la propriété s’inscrit dans un paysage où l’histoire et la nature demeurent étroitement liées, et offre un cadre authentique, éloigné de l’agitation contemporaine, mais à l’accès aisé : la route qui relie Toulouse à l’Atlantique traverse la vallée et la gare SNCF de Boussens se trouve à une trentaine de kilomètres.
Description
Le rez-de-chaussée
L’entrée s’ouvre sur un vestibule dallé de tomettes, sous un plafond aux solives peintes en rouge et blanc. Sur la gauche, une double porte grise et beige dissimule de petites commodités, agrémentées d’un lavabo sculpté en forme de coquillage et d’un robinet de cuivre de forme animale, donnant sur une grotte à la décoration malicieuse. Dans son prolongement, l’escalier en bois s’élève vers l’étage, flanqué, un peu plus loin, d’une porte jumelle qui cache un réduit technique. Leur faisant face, une imposante porte cloutée attire le regard par le bas-relief qui la surmonte et représente quatre enfants aux corps potelés de putti, encadrant un lion couché à côté d’un panier débordant de fruits. La scène, à la fois naïve et symbolique, semble vouloir marquer le seuil de la cuisine comme un lieu nourricier, fertile, presque sacré dans son usage quotidien. Monumentale, la cheminée médiévale équipée de ses fours à pain et à pâtisserie, intégrés dans la maçonnerie, accompagnés de leurs accessoires de cuisson, raconte des siècles de mets concoctés pour de grandes tablées. Sur la droite, une porte massive mène à la salle des gardes, vaste volume utilitaire posé à même le roc, percé de meurtrières et aujourd’hui transformé en buanderie et atelier. Une autre porte grise, ouvrant directement depuis le vestibule, conduit à un premier salon au parquet brut, disposé en chevrons simples, qui s’accorde à une grande cheminée de bois noir. Deux hautes fenêtres à petits carreaux diffusent la lumière et mettent en valeur la plaque armoriée fixée dans le foyer, tandis qu’une double porte ouvragée communique avec la salle à manger. Ici, le parquet alterne lames claires et foncées ; une cheminée de pierre, un plafond de solives peintes et des placards dissimulés par une fresque représentant guirlandes, fruits et épis de blé, composent une atmosphère singulière. Des celliers et réserves complètent ce niveau.
L'entresol
Depuis le vestibule, l’escalier s’élève en larges marches au bois patiné, dont les bords usés trahissent les passages répétés des siècles. À mi-hauteur, juste avant le palier, une porte à double battant peint d’un gris velouté, se détache nettement de l’enduit clair du mur. Ses sobres panneaux moulurés annoncent l’accès à un espace plus retiré, presque secret, qui marque l'entrée dans la chambre autrefois seigneuriale. Deux marches invitent à plonger dans l’intimité d’une pièce au décor singulier : le sol recouvert de tapis anciens, les murs tendus d’une toile rayée dans des tons vert empire et ocre doré, jusqu’au plafond lui-même, cambré sous la même étoffe. L’ensemble compose un écrin texturé, où la lumière entre en filtres tamisés via une grande fenêtre à carreaux, encadrée d’un renfoncement formant alcôve. À droite, une cheminée en bois peint conserve son décor d’origine : trumeau sculpté, médaillon ovale à relief végétal, moulurations fines et bandeau supérieur orné de grappes de raisin en stuc. L’atmosphère de la pièce oscille entre l’apparat discret d’une chambre de maître et la douceur mélancolique d’un lieu habité depuis toujours. Derrière une commode à double vantail, une porte dissimule l’accès à un escalier inattendu, taillé à même la roche, qui descend vers un ancien passage souterrain. L’escalier, d’inspiration hélicoïdale bien que carré, alterne des marches étroites peintes en rouge et blanc, dans un rythme aussi inattendu que théâtral. À l'issue de cette descente singulière, une salle d’eau, creusée dans la masse, est équipée d'une baignoire, d'un lavabo et d'une douche, dans un décor brut, minéral, où la pierre affleure et la modernité se fait discrète.
Le premier étage
Depuis l'entresol, huit marches prolongent l’escalier qui débouche sur un vaste palier au sol couvert d’un parquet sombre, alternant lames larges et étroites, dont les teintes diffèrent subtilement. La lumière y pénètre par une petite fenêtre à quatre carreaux, protégée d’une grille extérieure. Autour de cet espace s’ordonnent plusieurs portes.
La première, lourde, cloutée, presque carrée, mène à une salle de bain. Le sol est pavé de dalles de schiste rectangulaires ; les murs, revêtus de rose marbré, encadrent une baignoire ovale d’angle et un lavabo en forme de coquillage. Le fond est couvert d’un miroir qui reflète la pièce en entier, tandis qu’un bidet complète l’aménagement. L’accès s'effectue via un hall dallé, marqué par une porte à ogive grise, cloutée et dotée d’un encadrement de pierre.
En enfilade, se tient une grande chambre au sol de schiste, animé d’un motif en étoile. Un grand lit double occupe l’espace central, face aux fenêtres : l’une tournée vers la cour intérieure, l’autre ouverte sur le paysage. Autour, miroirs et paravents multiplient les reflets. Les murs portent un décor doré rapporté de voyages, sculpté de vignes où se posent oiseaux et animaux.
Parallèle à cette pièce, une porte en bois introduit à une autre pièce de nuit aux vastes proportions, qui reçoit la lumière naturelle de deux hautes fenêtres. Une cheminée monumentale en bois occupe le mur principal. Le plafond à solives peintes en blanc repose sur trois poutres ornées de volutes rouges et brunes.
À l’autre extrémité du palier, une grande porte grise et blanche commande des sanitaires.
Ce petit espace communique avec une chambre à coucher spacieuse au sol recouvert d’un tapis rouge moelleux, qui absorbe les pas et souligne la profondeur de la pièce. Deux lits anciens à baldaquin, drapés de tentures fleuries dans les tons grenat et ivoire, s’adossent au mur, encadrés de miroirs et de meubles d’époque. Au centre, un ensemble de fauteuils Louis XV et de chaises médaillon entoure une table ronde, installée sous un lustre en fer forgé suspendu aux poutres blanchies. La cheminée en bois, monumentale, dépasse les 3 m de hauteur. Son linteau simple, son trumeau discret et les teintes chaudes de l’enduit qui l’entoure lui confèrent une présence tranquille. Depuis cette chambre, l’accès se prolonge vers une autre, plus imposante encore. Le lit à baldaquin, placé au centre de la perspective, organise la composition de la pièce. Deux grandes fenêtres rythment le mur qui lui fait face et offrent des vues lointaines sur les collines du Couserans. Les boiseries anciennes, les fauteuils tapissés, la méridienne et le grand miroir doré installé entre les ouvertures achèvent de donner à l’ensemble l’allure d’un salon privé. Une seconde cheminée, de facture plus sobre, équilibre la pièce en apportant un ancrage visuel.
Une vaste salle de bain, étonnamment colorée, aux murs peints à la main de scènes bucoliques et de paysages ornithologiques, invite à découvrir une fresque naïve et vivante : hérons, cygnes et canards évoluent au bord d’un étang imaginaire, dans une nature idéalisée, comme sortie d’un rêve. Une lumière diffuse, indirecte, accentue la douceur de l’atmosphère et renforce l’impression d’un lieu à part, presque suspendu hors du temps.
Dernier élément remarquable de ce niveau, un petit passage en retrait, à l’allure presque souterraine, se révèle au regard. Le sol y est légèrement incliné, les murs resserrés, comme dans un couloir de service oublié. Un vitrail coloré représentant un blason surmonté d’une couronne lui confère une solennité discrète, comme un dernier seuil à franchir vers une partie plus confidentielle du château.
Le second étage
L’escalier s’achève dans une chambre à coucher spacieuse, posée sous un plafond de solives peintes soutenues par une poutre maîtresse sombre. La lumière entre par une petite baie, et plusieurs portes distribuent les pièces attenantes.
Élément noble d’une triple arche qui délimite les contours de la chambre, une entrée, surplombée d’une guirlande de pierre, mène à une salle de bain dont le remarquable sol de schiste est incrusté de cabochons de plomb. Les murs de pierre apparente, le plafond aux poutres claires et la baignoire encastrée, composent un ensemble à la fois rustique et singulier, complété d’un lavabo et de toilettes. Depuis cet espace, un couloir pavé de schiste conduit à une chambre à coucher voisine. Le plafond, voûté en croisées d’ogives, capte le regard. Deux fenêtres perpendiculaires éclairent la pièce tandis qu’une étroite cheminée de pierre, désormais condamnée, ponctue le mur.
De retour dans la chambre principale, des portes latérales ouvrent sur les vastes greniers tenant lieu de débarras.
La tour
Au bout du couloir, une porte discrète donne accès à un escalier étroit, d’abord taillé dans la pierre, puis prolongé par une volée alternée en bois peint, rouge et brun foncé. Une corde nouée fixée à la paroi fait office de rampe, accompagnant la montée dans un passage étroit, comme dissimulé dans l’épaisseur du château.
Une première halte dessert une petite salle d’eau aménagée dans l’angle : douche habillée de bois, lavabo et toilettes, accessibles par un escalier escamotable.
Tout en haut, la chambre de la tour s’ouvre sur un panorama saisissant.
Une baie vitrée coulissante, accompagnée de plusieurs fenêtres - simples ou doubles, fixes ou mobiles - laisse entrer la lumière en abondance et rythme la pièce en offrant un dialogue permanent avec le paysage.
Posée en surplomb, comme suspendue au-dessus des cimes, la chambre domine l’ensemble du domaine. Ainsi perchée en contemplation de la vallée, conçue comme un refuge, lieu de veille, elle semble flotter au-dessus du paysage.
Le parc
Tout autour du château, un chemin de ronde suit la ligne des murailles et permet de parcourir l’ensemble des abords. Sur la gauche du sentier d’accès, une ouverture en contrebas conduit à la piscine. Celle-ci, de double plan rectangulaire, s’inscrit dans un vaste tapis de pelouse, entourée d’un dallage minéral ponctué de pierres sombres. Adossé au talus, un spacieux pavillon d’été complète l’aménagement. L’ambiance paysagère de cet espace est unique. Autour du bassin, la végétation associe essences méditerranéennes et plantes ornementales : cyprès élancés, palmiers, lauriers blancs en floraison, hortensias aux inflorescences colorées. Plus bas, des massifs de vivaces et d’arbustes divers bordent les murets de pierre sèche. À l’horizon, le regard porte au loin sur la profondeur d’un vallon boisé, dont la frondaison continue forme un rideau vert, animé de nuances changeantes selon la lumière. La piscine, ainsi enchâssée dans un décor de nature abondante, compose un lieu à part, presque secret, à la fois abrité par la masse végétale et ouvert sur l’ampleur du paysage environnant. L’alliance des essences variées, des murs anciens et des ombres portées par les grands arbres, crée une atmosphère de fraîcheur et de sérénité.
Le domaine
Au-delà de l’enceinte et de ses abords immédiats, la propriété s’étend sur quelque 15 ha autour du château. Les bois, denses et variés, couvrent une grande partie du domaine : chênes, érables et hêtres anciens dominent le relief, entrecoupés de clairières où s’épanouit une végétation spontanée.
Plus bas, les terres s’ordonnent en larges parcelles qui s’étirent en pente douce vers la vallée. Les prairies, encore utilisées pour l’élevage, voisinent avec des zones de champs et de haies vives qui découpent le paysage. L’ensemble forme un territoire autonome où l’architecture du château s’inscrit comme un point d’ancrage. Depuis les hauteurs, le regard embrasse la continuité du domaine, succession de forêts, de pâturages et de cultures, dont la diversité entretient tant l’harmonie paysagère que l’équilibre agricole.
Ce que nous en pensons
Repère immuable sur son éperon rocheux, gardien d’un paysage et d’une mémoire séculaires, le château s’impose avec ses tours et ses murailles dessinant une silhouette intemporelle, derrière laquelle s’ouvrent des intérieurs aux cheminées monumentales, sols patinés et escaliers dérobés, qui murmurent près de mille ans d’histoire et de vie.
Si, choyée par les soins attentifs des générations qui s’y sont succédées, la bâtisse conserve fidèlement toute son authenticité moyenâgeuse, elle est aussi une délicieuse adresse de villégiature accueillant grandes tablées familiales et moments de détente au bord de la piscine.
Rares sont les lieux dont l’implantation, la discrétion et la constance, racontent avec autant de justesse l’histoire d’une région, d’une famille et d’un rapport au monde. Celui-ci en fait partie.
À l’heure où s’ouvre le temps de la transmission, il ne saurait être question de simple passage de mains, mais bien plus d’un relais subtil en direction des futurs occupants : une fidélité à préserver, un souffle à prolonger, comme l’ont fait tous les précédents gardiens discrets qui lui ont insufflé cette continuité profonde qui, plus qu’une histoire, façonne une âme.
Référence 701280
Surface cadastrale | 15 ha 72 a 6 ca |
Surface du bâtiment principal | 550 m2 |
Nombre de chambres | 5 |
NB: Les informations mentionnées ci-dessus résultent de notre visite sur place, mais également des informations reçues du propriétaire actuel de ce bien. Elles n’ont vocation ni à l’exhaustivité, ni à une stricte exactitude notamment quant aux surfaces relevées ou aux époques de construction. A ce titre, elles ne sauraient engager notre responsabilité.