Édifiée et transformée au fil des siècles, la maison témoigne de ses origines médiévales. La première aile, datée du 15e s., abritait jadis au rez-de-chaussée une écurie, surmontée d’un fenil et d’un logement pour palefreniers. Le 18e s. voit se construire sur la parcelle un hôtel particulier destiné à un notaire, monsieur Fabre, mentionné dès 1754. Il connut la grande époque de Beaucaire, lorsque la foire de la Madeleine, érigée en foire franche par Louis XIV, battait son plein et attirait des négociants venus de toute la Méditerranée et du reste de l’Europe. Dans ce carrefour d’échanges unique, s’arrachaient soieries, draps, toiles, vins, épices et autres produits coloniaux. Enrichis par ce commerce florissant, notables et marchands firent construire ou agrandir de somptueux hôtels particuliers, dont cette demeure est un témoin privilégié. En 1793, Napoléon Bonaparte, jeune officier, parcourait lui aussi les rues pavées de la cité pour participer au célèbre "souper de Beaucaire". La maison reflète encore ce faste avec sa cour close de hauts murs, sa façade en pierre de taille, ses salons décorés et ses matériaux nobles. Dans les années 1950, a été ajoutée une aile qui relie les bâtiments sans trahir l’esprit des lieux. Depuis, ses différents occupants – architectes, décorateurs et autres amateurs de belles pierres – ont veillé à préserver sa singularité et son éclat.L’entrée s’effectue par un portail en bois peint, inséré dans un mur de pierre qui préserve l’intimité des lieux et intégrant un portillon piéton. Il est encadré de pierres de taille moulurées et surmonté d’un linteau classique, coiffé d’un entablement soutenu par de fins modillons sculptés – détail caractéristique de l’architecture noble du 18e s. Il s’ouvre directement sur la cour, autour de laquelle s’organise la maison.Le rez-de-chaussée abrite salon, cuisine, chambre avec salle d’eau, toilettes et dégagement ; et l'étage, un second salon, des toilettes ainsi que deux chambres chacune avec leur salle d’eau. L’ensemble est prolongé par une terrasse.

La maison

Élevée de deux niveaux et coiffée d’une couverture en tuiles canal, elle présente une façade enduite dans une teinte ocre chaude. Les hautes fenêtres à petits bois et les portes-fenêtres en bois peint sont protégées par des contrevents aux tons bleu-vert pastel qui s’accordent à l’esprit des lieux. La lumière pénètre ainsi dans les diverses pièces par ces nombreuses et hautes baies orientées au nord, mais aussi par une large ouverture avec menuiserie à armature métallique anthracite, orientée plein ouest, qui fait dialoguer l’héritage ancien et une écriture plus contemporaine.
À l’étage, une terrasse en surplomb s’insère entre les différents volumes de la maison, dominant la cour et prolongeant naturellement les espaces de vie.
Le rez-de-chaussée
Sous ses poutres blanchies, la cuisine, cœur de la maison, marie des parefeuilles anciens, des plans de travail maçonnés et carrelés de blanc ainsi que des murs peints en bleu clair. La lumière, filtrant par une large porte vitrée métallique, en souligne les généreux volumes. De là, un dégagement au sol en carreaux de ciment anciens mène à des toilettes, à l’escalier et au salon. Celui-ci, ouvert sur la cour par de hautes portes-fenêtres, profite d'élégantes proportions ainsi que d'un rare sol du 19e s. mêlant terrazzo et carreaux polychromes, de murs tendus de toile de Jouy aux motifs orientalistes, enfin d'une cheminée en marbre. La chambre, également accessible depuis la cuisine, présente un sol en pierre de Beaucaire patinée et des poutres anciennes apparentes. Elle s’ouvre sur la cour et dispose d’une salle d’eau ainsi que d’un espace de rangement. Enfin, l’escalier en travertin, flanqué d’une rampe de ferronnerie et bordé de murs enduits à la chaux dans une nuance vert olive, conduit vers la terrasse, puis à l’étage.

L'étage
Un second salon, reprenant les amples proportions de la salle de réception qu’il domine, s’ouvre sur la cour par trois hautes fenêtres. Le sol en carreaux de ciment, datant du 19e s. et patinés par le temps, répond aux murs enduits de chaux rosée et aux menuiseries d'un vert profond, tandis qu’une cheminée en marbre gris, encadrée de placards intégrés, en marque l’axe. La pièce pourrait aisément être transformée en quatrième chambre avec salle de bains attenante, les branchements d’eau étant encore en place. Depuis le palier, des toilettes précèdent une deuxième chambre aux volumes remarquables dont l’importante hauteur sous plafond est rehaussée par la lumière abondante que diffusent une fenêtre de toit, une haute baie et une porte vitrée ouvrant sur la terrasse. Le bleu céruléen des murs, le sol en terre cuite et la bibliothèque, qui couvre toute une paroi, composent un décor imposant. S'y ajoutent une salle d’eau et une mezzanine accessible via un escalier en bois aux lignes sobres. Enfin, accessible depuis la terrasse, une troisième chambre, au plafond à double pente, conjugue un sol en béton lissé à des murs aux teintes minérales naturelles. Sa triple orientation lui assure une lumière constante, tandis qu’une salle d’eau et des toilettes privatives assurent son indépendance.

La cour

Enserrée dans le retour en L de la demeure, une cour pavée de barres de Beaucaire, d'environ 100 m², déploie tout son caractère. Bien qu’exposée au nord, elle profite d’un bel ensoleillement du printemps au début de l’automne tout en préservant une agréable fraîcheur. Elle se singularise par la présence de colonnes et de gargouilles datant du 17e s., fragments sans doute rapportés d’un édifice de renom, selon une coutume alors répandue parmi les notables désireux de faste. Plantée d’arbres et d'arbustes aux essences variées, elle distribue les accès à la cuisine, au salon et à une chambre, au rez-de-chaussée. Un cyprès tricentenaire, un pin maritime, des bambous et diverses potées végétales composent ensemble une atmosphère tranquille, empreinte d’un parfum de campagne.

La terrasse

Au cœur de l’étage, une terrasse dallée occupe un espace ménagé entre les volumes de la maison. Exposée à l’est et à l’ouest, elle est largement baignée de soleil de la fin de l’hiver jusqu’au début de l'automne, profitant de lumières changeantes au fil de la journée. Bordée de murs aux teintes chaudes et rythmée par des baies encadrées de pierres de taille, elle commande les deux chambres de l'étage ainsi que l’escalier principal de la maison. Les menuiseries peintes dans une teinte vert grisé soulignent l’élégance naturelle de l’ensemble. Cet espace extérieur, intime et protégé, prolonge ainsi harmonieusement les pièces de vie.