Dans la Drôme, veillant sur l'horizon et la vallée du Rhône,
un haut-lieu de l'histoire du Grand Siècle classé MH, ses dépendances, son parc et ses terres.
Valence, DROME rhones-alpes 26000 FR

Situation

Au carrefour des vallées du Rhône et de l'Isère, là où les pierres se teintent d'ocre et les tuiles canal réchauffent les villages, le domaine affirme son penchant méridional. Surplombant les riches plaines rhodaniennes à perte de vue jusqu'aux monts d'Ardèche au couchant, la propriété occupe une position dominante en lisère d'un village, campée sur les premiers contreforts du Vercors. Toutes les commodités de la vie contemporaines sont accessibles à un battement d'ailes, tandis qu'à quelques lieues, Valence (gare TGV et aéroport) est accessible en 20 min. Les grands axes de la plaine permettent de rejoindre Grenoble en 45 min., Lyon en 1h. ou Genève en 2h., tandis que la Méditerranée et ses premières plages seront gagnées en à peine 2 heures en ligne droite vers le Midi.

Description

Jadis fief des Poitiers-Valentinois, rattaché au Royaume de France à la naissance du 15e s, le village possédait un précédent château urbain, réputé comme la plus importante place forte de la région, ruiné au cours des guerres de religion.
C'est à cette période précise qu'un nouveau château voit le jour à l'écart du bourg castral, le long d'une une voie le reliant à son plus proche voisin à moins d’une toise au nord. Son emplacement ne doit rien au hasard puisqu'une source au-delà des fossés permettait alors de faire jaillir les bassins et fontaines de son plan. Un vaste terre-plein de près de 1,3ha entouré partiellement d'escarpes et de douves sèches, contient plusieurs corps de bâtiments dans le goût "à l'italienne" prégnant de la Renaissance tardive. Élevé en son centre, le château dont la construction débute en 1591 pour se poursuivre durant la seconde moitié du 17e s., est un important édifice de plan sensiblement carré, cantonné de tours sur les angles qui encadrent une cour intérieure. Il développe une surface sur trois niveaux de plus de 1300m2.
À l’avant-poste du château, une construction édifiée à la fin du 17e s. borde sur une soixantaine de mètres la voie par-delà les fossés. À usage de communs et flanquée d'un châtelet commandant l’entrée de la propriété, cette dépendance totalise une emprise au sol de 450m2 environ.
L’ensemble forme une composition de grande qualité suivant un alignement classique et symétrique d’est en ouest, entouré d’une terrasse à découvert.
Au-delà du plan contenant les différents corps de bâtiment, le domaine s'étend en prairies, en champs et en bois, suivant la topographie naturelle.
Le château qui est inscrit partiellement depuis 1959 (façade et toiture) a été classé en 1988 au titre des Monuments Historiques. La protection comprend aujourd'hui tous ses décors peints et non peints.

Le château

Si les attributs militaires de l'édifice relèvent davantage du langage architectural que des nécessités défensives, garanties par ailleurs par le châtelet proche et les fossés alentours, la partie orientale sévère et flanquée de deux tours carrées, tranche toutefois avec les autres élévations. En effet, elle n'est que peu percée de baies là où les autres faces, dont les angles sont adoucis par des tours rondes demi-hors-œuvre, affichent moult portes-fenêtres, baies et occuli soigneusement alignés.
Passé le châtelet, un vaste terre-plein découvert conduit dans un alignement parfait au pied du portique d’entrée dont les angles sont constitués d’imposants bossages toriques filant jusqu’au sommet de l’avant-corps coiffé d’un fronton pyramidal. Une large porte bâtarde en plein-cintre à deux battants est surmontée d’un entablement fin dont l'attique entièrement recouvert d’enduit conserve les vestiges d'un sous-œuvre à l'emplacement destiné à accueillir les armes parlantes du seigneurs des lieux, vraisemblablement bûchées à la Révolution.
La cour intérieure abondamment percées de baies, offre une perspective vers la porte richement ornée de l'aile occidentale. Elle est encadrée de colonnes doubles qui alternent des bossages toriques et plats, non sans rappeler le portique du château. L'effet de mimétisme est encore renforcé par deux tourelles sur trompes en éventail, de part et d’autre sur le plan la cour intérieure, avec toutefois une préoccupation de raffinement et d'élégance plus manifeste. Les ailes nord et sud sont percées de portes secondaires contre les angles occidentaux dont les dessus circulaires en bas-reliefs contiennent des profils à l'antique. Ces mêmes éléments décoratifs ornent les deux avant-corps à l’est dans la cour intérieure, encadrant l'élévation intérieure du portique.
Toutes Les élévations sont recouvertes d'enduit, laissant paraître par endroit un petit appareil de calcaires non équarris. Les couvertures sont en tuiles canal. Les ailes nord et sud versent sur cour, tandis que le corps occidental est couvert à deux pans. Les tours sont coiffées en pavillon.


Le rez-de-chaussée
Depuis le châtelet, la perspective qui traverse le portique jusqu'à la porte centrale de l'aile ouest oriente le regard vers l'horizon. C'est vraisemblablement à dessein pour ne pas briser cette trajectoire empruntée par le soleil, que les circulations à l'intérieur du château sont disposées latéralement. Deux cages d'escaliers sont aménagées respectivement dans les ailes sud (la principale) et l'aile nord (l'escalier secondaire). La cage d’escalier principale occupe un volume important de l’aile sud qui contient également les cuisines et leurs souillardes. Dallé de pierre, le hall principal est largement éclairé par une porte-fenêtre percée dans l’élévation sud. Vers le couchant, il dessert une vaste salle à manger au dallage précieux de pierres dures et son alcôve attenante équipe d’une pièce d’eau, toutes deux situées dans l’angle sud-ouest du château. Le corps central ouvrant de plain-pied sur la terrasse occidentale est réservé aux réceptions avec une enfilade de salons richement ornés et décorés. Toutes les réceptions jouissent d’une vue dégagée sur la plaine du Rhône jusqu’aux monts d'Ardèche. Les sols en parquets Versailles ou à points-de-Hongrie témoignent d’une richesse de toutes les époques qui se déploie également sur les lambris, les cheminées, les plafonds peints ou les gypseries. Parmi les curiosités : un plan du château apparaissant sur une peinture au plafond du grand salon ; une alcôve recouverte de remarquables grisailles insérées dans un ensemble en trompe-l’œil réhaussé d’or et surmonté de palmes entrecroisées d’une couronne d’épine ; ou encore les délicates fresques murales néoclassiques qui ornent l’intérieur des tour rondes d’angle, témoignage du passage d’artistes italiens durant le premier Empire. L’aile nord contient quant à elle non seulement l’escalier secondaire, mais également la chapelle du château, décorée dans un goût saint-sulpicien, ainsi qu’une salle dans la continuité des réceptions de l’aile occidentale.
Le premier étage
En accédant à l’étage par l’escalier principal, une première volée marque un repos à l’entresol assurant l’accès à un cabinet de toilette contenu dans une adjonction de plan semi-circulaire, édifiée hors-œuvre au droit de l’aile sud. Une construction identique et symétriquement disposée contre l’aile nord contient une salle d’eau accessible par le repos de l’escalier secondaire. Les pièces des ailes nord et sud est constituée d'une succession de pièces aujourd‘hui à usage de chambres à coucher, de bureau ou de rangement jouissant d’une circulation non pas d’une pièce à l’autre comme il était d’usage lors de la construction du château, mais par l’intermédiaire de couloirs contre les élévations sur cour. La seule salle qui déroge à cet aménagement manifestement plus récent est celle qu'occupe le cœur du corps central qu’il est nécessaire de traverser pour passer du nord au sud. Il s’agit également de la plus vaste salle du château qui conserve l’unique exemple de plafond à solive apparente entièrement peint en grisailles du Grand Siècle (rinceaux, personnages hybrides à queues d’acanthe et vases annelés). Parmi les nombreuses curiosités de ce niveau : la pièce contenue dans le volume en avant-corps au sud du portique est l’unique salle voûtée du premier étage. Son haut berceau est entièrement décoré de fresques du 17e s. témoignant de l’aménagement de l’ensemble du château en plusieurs phases, dont elle est manifestement l'un des vestiges du premier état. La tour carrée sur l’angle sud-est conserve un exemple de pièce entièrement recouverte de tentures plissées du début du 20e s. L’angle sud-ouest contient un petit théâtre de salon. Les décors intérieurs de diverses périodes ne sont pas moins riches qu’à l’étage inférieur avec une grande variété de planchers alliant des essences locales rehaussées de filets de bois durs ; de parquets en marqueterie ; de décors muraux et plafonds peints (notamment de paysages environnants ou de vues du château) ; de lambris ; de cheminées ; et de gypseries. Toutes les pièces sont baignées de lumière par les nombreuses fenêtres à petits bois, protégées des ardeurs aux plus chaudes heures du jours par des volets intérieurs du 18e s. et des contreventements aménagés vraisemblablement au siècle suivant.
Les combles
Le dernier étage du château développe sous les combles une vaste surface qui n’est pas aménagée. Jadis destinés à la domesticité, les combles sont aujourd’hui à usage de stockage et permettent de constater le bon état des fermes et la restauration récente des couvertures. Les sols sont recouverts de carreaux de terre cuite. Ce niveau est éclairé par des occuli sous l’avant-toit et des fenêtres dans les tours cantonnées aux quatre angles.

Le châtelet et les communs

Construction longiligne en pierre de taille, elle marque la limite du domaine face à la source Saint-Appolinaire. Son élévation orientale sur la voie qui la borde témoigne des fonctions défensives de l'édifice qui n'affiche aucun percement à l'exception de la porte du châtelet central. Le franchissement du fossé est assuré par un ponceau de pierre aboutissant directement au portique d'entrée. Le châtelet est marqué de refends à bossages plats. Le portail à arc segmentaire contient une grille à deux battants et dormant en ferronnerie. L'entablement classique, dont l'attique contient une baie surmontée d'une corniche plein-cintre flanquée et surmontée de grenades, affirme la fonction militaire de l'édifie régnant sur l'austère bâtiment coiffé en pavillon. L'élévation ouest est quant à elle plus avenante avec un ordonnancement strictement symétrique du châtelet, auquel répondent quatre portes en anse-de-panier alternant avec de hautes baies rectangulaires armées de grilles au niveau de soubassement et de baies carrées soigneusement alignées à l'étage.


Le rez-de-chaussée
De part et d'autre du châtelet, deux long corps jadis dévolus d'une part à l'usage d'écurie au sud et d'autre part au nord de cantonnement pour les garnisons de dragons sillonnant les parages, sont aujourd'hui aménagés en salles climatisées à usage locatif. Les anciens râteliers ont cédé la place à une vaste salle de bal voûtée en berceau dont l'usage passé n'est signalé que par les sous-œuvres percés dans les reins de la voûte qui permettaient non seulement d'alimenter les mangeoires, mais également de bénéficier à l'étage de la chaleur émise par les bêtes. Le corps nord contient quant à lui toutes les commodités nécessaires aux activités événementielles (cuisines, lavabos, lieux d'aisance, etc.).
Le premier étage
L'étage est situé directement sous les combles et servait jadis à la fois de logement et de fenil pour y stocker le foin nécessaire au montures logées en dessous. La toiture est de de facture contemporaine. Elle est recouverte de tuiles mécaniques.

La fontaine Saint Appolinaire

À 500m au nord du bourg, la source revêt une importance de premier ordre tout au long de son histoire jusqu'à l'établissement d'une fontaine concomitamment à l'érection d'un important château "en remplacement" du précédent, ruiné à la suite des querelles religieuses et politiques qui agitèrent le pays. Outil de convoitise autant que source de vie et de pacification, l'eau prend ici tout son sens, jaillissant librement dans les bassins et les fontaines disposés dans le plan d'un architecte visionnaire de l'époque moderne, à peine plagié aux siècles suivant par l'usage domestique de cet or translucide et si vital. Fait singulier, la fontaine qui n'alimente plus son auguste voisin est toujours restée rattachée à son destinataire exclusif.

Le parcs, les bois et les terres

Nul ne sait si relief qui ondule sur le piémont occidental du Vercors appartient au plateau ou à la plaine. C'est ici si vrai que les riches et gras pâturages voisinent avec la plaine alluviale ponctuée de boisements giboyeux, de ceux-là même qui servirent à fournir les remarquables poutres du château avec leurs portées invraisemblables de nos jours. Si le parc affirme le génie humain - incarné par un architecte visionnaire qui décida de remblayer plus d'un hectare afin d'y édifier ex nihilo un joyau architectural, entouré de grilles centenaires protégeant de délicats parterres - les terres avoisinantes conservent leur douce déclivité patiemment façonnée non pas par la main de l'homme mais par le temps qui s'écoule au gré du cycle des hautes futaies recouvrant ces terres depuis la nuit des temps.

Ce que nous en pensons

Un château, vraisemblablement le plus admirable, complet et homogène de la fin de la Renaissance dans la Drôme, témoin de premier plan de l'histoire religieuse, politique et économique de la région.
Miraculeusement épargné par les destructions de la "Grande Peur" de juillet 1789 puisque seule sa grille d'entrée sera emportée par les sans-culottes romanais, il n'a subi que des modifications de confort au cours des siècles suivants.
Son aménagement intérieur témoigne certes du passage du goût romantique, mais il s'y est déployé sans altérer fondamentalement les plans d'un architecte brillant de la fin du 16e s. et les décors des 17e et 18e s., soigneusement conservés.
Jadis belliqueux, l'édifice aujourd'hui désarmé, veille sur les tumultes de notre temps, à distance idoine pour une parfaite et nécessaire contemplation du monde contemporain. Ses innombrables qualités associées à son expérience de lieu d'accueil lui confèrent sans nul doute toutes les vertus nécessaires à sa transmission entre des mains expertes et respectueuses de son illustre histoire.

2 400 000 €
Honoraires à la charge du vendeur


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Référence 786547

Surface cadastrale 6 ha 31 a 42 ca
Surface du bâtiment principal 1380 m2
Nombre de chambres +20
Surface des dépendances 650 m2
dont aménagées 300 m2


Direction Régionale

Ménélik Plojoux +33 1 42 84 80 85

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NB: Les informations mentionnées ci-dessus résultent de notre visite sur place, mais également des informations reçues du propriétaire actuel de ce bien. Elles n’ont vocation ni à l’exhaustivité, ni à une stricte exactitude notamment quant aux surfaces relevées ou aux époques de construction. A ce titre, elles ne sauraient engager notre responsabilité.