Le projet d’écolieu au domaine Saint Roch naît de deux simples questions : comment se préparer au mieux au monde de demain ? Et quel monde voulons-nous construire pour nous, nos enfants et les communautés autour de nous ? En 2017, j'apprends que le domaine Saint Roch, avec ses 40 hectares de forêts et de prairies, est en vente. Mes grands-parents habitent à dix minutes de Couvin et je passais donc régulièrement devant ce domaine. À l’abandon depuis une cinquantaine d’années, il avait néanmoins un potentiel énorme et avec mes frères, nous avons sauté sur l’occasion. Depuis lors, avec un collectif, le lieu renaît, petit à petit, grâce à une multitudes de projets soutenables. Le domaine multi-facettes est avant tout une expérience humaine, un laboratoire du vivre-ensemble, en harmonie avec la nature.
Les témoins de son activité industrielle disparue se situent aujourd’hui au centre d’un domaine de 40 hectares. Il s’agit d’un complexe de bâtiments autour d'une vaste cour, faisant penser à un hameau de village, érigés en moellons de calcaire chaulés aux 18e, 19e et 20e siècles. Le château Saint-Roch, daté de 1739, est une imposante construction classique de deux niveaux. En face, se trouve un ancien monte-charge. Derrière les bâtiments, un vaste étang de retenue rappelle, lui aussi, la fonction industrielle d’antan. On y aperçoit un remarquable pont-barrage de la première moitié du 19e siècle, qui réglait jadis le niveau de l’Eau Noire. La ruine de la trémie (accès du minerai vers le fourneau) est un témoignage unique en Europe. À l’ouest des bâtiments industriels, prend place l’ancienne ferme Saint-Roch, datée de la première moitié du 18e siècle. L'eau est partout présente. Près de deux kilomètres de cours d'eau traversent le domaine : en amont avec le grand étang servant de réserve pour les moulins, mais aussi dans les différents biefs le long des bâtiments.
L’abondance de minerai de fer, de forêts et de cours d’eau dans la région de Couvin a très tôt permis l’installation d’activités métallurgiques. En 1737, la famille Desandruin participe à l’essor des usines Saint-Roch qui sont particulièrement prospères entre 1765 et 1785. En 1795, le site devient une fonderie de canons. Le site abrite ensuite un haut-fourneau entre 1826 et 1833. En 1837, le site est vendu et l’exploitation cesse définitivement. Le domaine devint la propriété d'une famille de champenois gestionnaire entre autre du canal Saint-Martin à Paris. Après la Première Guerre mondiale le lieu devient le « Grand Hôtel Saint Roch », profitant de la belle santé économique de la région, centre de la poêlerie avec les usines Arthur Martin, Efel, Somy et plus tard les raquettes Donnay, face au domaine, sponsor à l'époque des joueurs Borg et Agassi, qui venaient y séjourner. Au milieu des années 1970, la crise du pétrole entraîne la fermeture d'usines et de l'hôtel également. Le domaine se retrouve dans des indivisions familiales et reste à l'abandon pendant une trentaine d'années avant que nous en fassions l'acquisition.
L’écolieu est porté par de nombreuses personnes désireuses d’incarner le changement qu’elles veulent voir dans le monde. Quatre familles y sont installées en habitat groupé. Une multitude de citoyens gravitent autour du domaine et font battre le cœur de ce lieu en transition. Afin de tendre vers l’autosuffisance alimentaire, des fruits et légumes poussent sur place grâce au vaste verger pâturé par des moutons et au maraîchage sur sol vivant. Trois cents arbres fruitiers ont été plantés, créant ainsi une forêt jardin. La nature luxuriante qu’offre le domaine est le refuge pour de nombreuses espèces végétales et animales. Depuis 2012, l'école démocratique "Les Herbes hautes" et son projet d’éducation alternative accueille des enfants de 4 à 12 ans. Le domaine organise de nombreuses activités, formations et évènements et le festival "Crescendo" des initiatives de la transition de l’Entre-Sambre-et-Meuse.
Nous conseillons à nos hôtes de découvrir un phénomène géologique incontournable à Nismes, le Fondry des Chiens. Mais aussi l’Aquascope de Virelles, un magnifique écolieu très didactique, mis en œuvre par la principale association nature Natagora. Au niveau gastronomique, à deux pas du domaine, notre préférence va vers le « Nulle-part-Ailleurs », ou encore « l'Absolu » dans le vieux Couvin.
Le domaine propose trois gîtes. Capucins, pour 26 personnes, dispose d'une grande cuisine équipée, d'un salon/salle de jeux et de neuf chambres avec salle de bains attenante. Le gîte est accessible au wellness, à la salle de réunion, à la salle du théâtre. Jardinière, pour 14 personnes, est connecté au gîte des Capucins à chaque étage et peut être combiné à ce dernier ou être totalement indépendant. Il dispose d'un salon, d'une cuisine et de sept chambres doubles dont quatre avec des lits simples combinables en lit double. La Bulle sur l’eau est un logement insolite pour deux personnes situé sur une plateforme sur pilotis au milieu d’un grand étang. À proximité, un petit appartement supplémentaire pour quatre personnes est disponible occasionnellement sur demande.
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Chaque année, le domaine organise «Crescendo» festival, axé sur la transition écologique, avec pour objectif de favoriser les rencontres entre les différent.e.s acteur.rice.s locaux.ales de la région de l’Entre Sambre et Meuse Sud en termes de production agricole et artisanale, d’associations à vocation sociale ou citoyenne, de protection de l’environnement... L’objectif étant de contribuer à consolider les réseaux locaux existants et de faire connaître ces différent.e.s acteur.rice.s au public afin de promouvoir le développement du commerce de proximité, de la production locale et des initiatives citoyennes. Mais aussi de sensibiliser sur la thématique de la transition par des conférences et des projections.
Implantée au cœur de l’écolieu, un terrain riche et vivant, favorisant les apprentissages autonomes, «L’école démocratique Les Herbes hautes», projet d’éducation alternative accueille des enfants de 4 à 12 ans. C'est un espace interconnecté à son environnement direct : aux activités y prenant place petit à petit (maraîchage, boulangerie, artisanat, élevage…), à la nature du domaine et à sa biodiversité. La pédagogie est basée sur les apprentissages autonomes.
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